Essentes fendues ou bardeaux fendus fabriqués en Guadeloupe

Une rencontre à la sylvathèque de Gourbeyre : Benjamin Kamoise, dernier tailleur d’essentes de Guadeloupe.

C’est lors de la journée du bois, organisée par l’ONF, que nous avons rencontré Benjamin. Dernier tailleur d’essentes de la Guadeloupe, sa démonstration ce jour là, aux cotés de scieurs de long témoignait d’un savoir ancien et de plus en plus rare en Guadeloupe.

Par la suite, c’est avec beaucoup de générosité que Benjamin Kamoise nous a appris une partie de ses techniques, à Pointe-Noire, dans la vallée d’Acomat. Nous avons été accueillis une première fois un dimanche après-midi, pour une visite dans ses bois, aux allures d’une balade en famille. C’est avec beaucoup d’admiration que nous l’avons suivi, alors qu’il nous a présenté à chaque détour, là un arbre, là une plante, dont il connaît l’usage et les bienfaits (- bienfaits par exemple du sirop de noni de la maison, dont le nom seul effraie tous les microbes).

D’autres rencontres s’en suivent, toutes plus instructives les unes que les autres, souvent dans son atelier, où – au milieu des copeaux de bois – il nous a transmis une partie de ses techniques de taille.

Les connaissances acquises au cours des siècles de manière empirique sont d’une richesse inquantifiable et leur transmission est aussi bénéfique à l’humanité que délicate à l’époque de la dématérialisation.

Un savoir-faire ancien

Le choix de l’arbre. Corossolier montagne ou Poirier pays, qui possèdent des fibres droites, longues et régulières et peu de nœuds sur le fût car ce sont les attributs idéaux des bardeaux fendus.

Le moment de la coupe. en prenant en compte le cours de la lune, pour une résistance dans le temps et une stabilité nécessaires à l’étanchéité à long terme de nos toitures. Jusqu’à 50 ans si les bardeaux sont de bonne qualité et que la pente du toit est assez prononcée.

Les outils. Mr Kamoise nous a prêté son chival a zésent (chevalet qui sert a maintenir l’essente pendant qu’on l’affine avec la plane), fabriqué par son grand-père afin que nous fabriquions les nôtres sur ce modèle. Nous avons aussi demandé à Jonathan Pépin, forgeron d’art et génie du métal de nous fabriquer des planes adaptées à cet ouvrage.

Les gestes viennent avec la pratique et l’observation. Voir Benjamin regarder le bois, choisir son orientation, fendre le billot avec son sabre et son maillet en bois d’Inde, placer la planchette encore irrégulière entre les mâchoires du chival et manier la plane avec dextérité et assurance nous a grandement aidé à produire quelques essentes correctes en calquant au mieux nos gestes sur les siens.

Différents bardeaux

Fendus ou sciés, d’essences différentes.

Il existe des bardeaux sciés en wapa venant de Guyane. Des essentes en cèdre du Canada.

Le fait de fendre le bois permet de ne pas couper les fibres et ainsi la planche obtenue est bien plus durable car l’eau ne peut pénétrer au cœur du bois.

Cependant même sciées, les essentes ont un aspect unique et une durée de vie très intéressante comparées aux tôles.